Parmi les thématiques abordées :
Souveraineté et importation ?
Les intervenants ont pointé du doigt la lourdeur des décisions de l’Europe à l’heure où il convient d’accélérer le déploiement de la filière afin d’endosser le rôle de leadership. Plusieurs régions du monde avancent à pas de géant, la Chine et les États-Unis en tête. Dans le même temps, l’Afrique, qui accueillait la COP 27 en Égypte, se met en ordre de marche, cherchant à tirer parti de ses abondantes ressources renouvelables et à exporter sa production d’hydrogène décarboné vers l’Europe. Dans ce contexte, les intervenants ont unanimement marqué la nécessité de mettre en place des infrastructures permettant de relier les sites de production aux consommateurs. Dès maintenant, certains industriels insistent pour que, sur le modèle des oléoducs, il importe d'investir dans des ‘’hydrogènoducs’’ pour être prêt en 2030. L'hydrogène se développe également aux Etats-Unis, sous l’effet de l’Inflation Reduction Act qui a mis en place une fiscalité très favorable. Il pourrait provenir aussi du Chili, du Moyen-Orient, de Namibie, du Maroc, etc. Le prix du kilo ciblé se situera entre 1,5 et 2,5 euros… et la concurrence sera rude pour les Européens !
Hydrogen Valleys et industrialisation ?
Un autre temps fort a concerné la cinquantaine d'écosystèmes territoriaux qui ont émergé en France depuis 2016 sous l’impulsion de l’ADEME. Le Forum a permis de comparer ce modèle aux ‘’vallées’’ de l’hydrogène qui essaiment un peu partout dans le monde. La région Bourgogne-Franche-Comté a joué un rôle de pionnier, notamment en soutenant les écosystèmes de Dijon, Belfort et Auxerre (station d’alimentation pour les véhicules, les bus et les trains). L’heure est aujourd’hui aux corridors pour développer la mobilité et l'industrie. Le mot d’ordre : penser grand, à la fois globalement et localement ! La question du passage à l’échelle industrielle en Europe pour des électrolyseurs et des composants (piles et réservoirs) qui équiperont les véhicules de demain, a été abordée. Les PIIEC (Projet Importants d’Intérêt Européen Commun) de Bruxelles jouent ici un rôle de catalyseur. Au-delà des subventions, le développement de l’hydrogène dans la mobilité n’en n’est qu’à ses débuts. Outre la mobilité lourde (bus, camions, tracteurs), considérée comme un réel débouché à court terme, l’automobile, initialement orientée vers les batteries électriques nouvelle génération, s’oriente désormais vers l’hydrogène (piles à combustible mais aussi prototypes thermiques hydrogène). De plus en plus de constructeurs se mettent à envisager l’hydrogène comme une technologie alternative. Le constructeur français Hopium, grande vedette du dernier Mondial, est venu confirmer sa confiance en l’avenir. L’industrie pèse 80 % du marché futur des usages de l’hydrogène,. Les enjeux de décarbonation concernent les industries productrices d’acier, mais aussi la production des engrais, des ciments et des produits chimiques, … Ici aussi le coût de l’énergie sera déterminant. Cependant, « attendre les subventions pour opérer à bas prix, risquerait de faire disparaître l’industrie européenne », d’après Thierry Lepercq, ancien cadre d’Engie et promoteur d’un projet majeur franco-ibérique.
Partager les savoirs faire mais aussi les freins pour mieux optimiser et accélérer les coopérations
A noter que pour la première fois, des labs d’innovation et d’accélération ont été mis en place pendant le forum, autour des thématiques du passage à l’échelle industrielle et de la mobilité et des infrastructures. Animés par un collectif de facilitateurs et de codesigners, ces labs ont réuni chacun 50 participants aux profils complémentaires.
- Le lab sur ‘’la mobilité et les infrastructures’’, a permis de définir collectivement les actions facilement activables à court terme, mais aussi des ‘’game changing actions’’ et les obstacles à contourner.
- Le lab sur ‘’le passage à l’échelle’’ a permis de faire un état des lieux des opportunités, réglementations, contraintes, retours d’expérience mais surtout des pièges à éviter pour avoir une vue systémique et dégager des actions à mettre en œuvre.
- Le lab décideurs a réuni 25 participants clés : des Présidents, directeurs généraux, experts scientifiques, institutionnels et politiques pour synthétiser les travaux et définir des résultats actionnables à court terme. Dans le contexte de forte concurrence internationale et d’urgence climatique, l’Europe doit se donner : les moyens d’accélérer ; l’ambition de simplifier ; la volonté d’harmoniser, mutualiser, pour passer à l’échelle dans les meilleurs délais.
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